Le PDG du groupe Renault, Luca de Meo, estime qu’il n’est pas juste de considérer que les véhicules électriques sont trop chers par rapport à des véhicules thermiques d’une gamme équivalente, l’Italien insistant sur le fait qu’il faut « expliquer » aux consommateurs qu’il n’y a pas que le prix catalogue à prendre en compte lorsqu’on achète une voiture électrique.
Les ventes de voitures électriques sont en berne avec, en juillet 2024, une diminution de 10,8% par rapport à l’an dernier. L’une des raisons de cette baisse est la réduction des aides de l’état, mais aussi parce que beaucoup estiment que le prix des voitures électriques reste plus élevé que celui d’un véhicule thermique équivalent.
Mais lorsqu’on demande à Luca de Meo si le prix des voitures électriques neuves est le réel problème face à la baisse du volume des ventes, l’Italien – qui était l’invité de l’émission « On n’arrête pas l’éco » de France Inter – a répondu : « Je pense qu’il y a beaucoup de facteurs qui font que la vitesse de montée en puissance, en cadence, de l’électrique est la moitié de celle qu’on aurait besoin pour atteindre les objectifs qui nous permettraient de ne pas payer des amendes à la Communauté Européenne [le PDG du groupe Renault craint que les constructeurs ne soient obligés de payer de lourdes amendes en 2025]. »
« Je pense que l’histoire des prix est un peu exagéré. Je vais vous donner un exemple : nous on va finalement sortir une Renault 5 qui, moi je pense, va être la plus belle petite voiture au monde quand elle va sortir. »
« En fait, la Renault 5 va débuter en prix à peu près à 25 000 euros. Au début, peut-être que nous allons vendre des voitures mieux équipées [donc plus chères, ndlr], avec des plus grosses batteries. Mais on a fait quelque chose d’assez compétitif. Aujourd’hui on vend une Clio hybride à 24 000 euros. Donc, on est pas très loin de tout ça [avec la R5 électrique]. »
« Si vous comparez un Scenic [E-Tech] – qui est une voiture moyenne – à un Austral qui est son correspondant en hybride, en coût d’utilisation de la voiture, on est déjà au même niveau. »
« Donc, si on se fixe que sur le prix catalogue et qu’on ne considère pas qu’une voiture électrique ça coûte moins cher à utiliser – d’un tiers pour faire 100 kilomètres même avec les prix très élevés de l’électricité – si on considère pas que l’électrique ça a en fait beaucoup moins d’entretien, si on ne considère pas qu’une voiture électrique ça dure plus longtemps qu’une voiture à combustion. Je pense qu’il faut aussi expliquer aux consommateurs qu’il n’y a pas que le prix catalogue qui compte. »
Concernant le bonus écologique qui est un vrai coup de pouce pour l’achat d’un véhicule électrique, le gouvernement envisagerait de le réduire à partir de 2025. Mais pour le PDG du groupe Renault, l’industrie automobile a besoin de « stabilité » et demande donc aux politiques plus de « cohérence ».
« Je pense qu’on a besoin de stabilité, de visibilité. Nous [les constructeurs automobiles], on travaille sur des cycles de dix ans. Le budget de l’état se fait chaque année. Donc, on a besoin qu’il y ait une certaine cohérence, parce que sinon, ça ne va pas marcher. » a insisté Luca de Meo.
« Il y a trois ans ou quatre dans des émissions de ce type là, on nous disait « il faut absolument que vous fassiez que de l’électrique ». Les marchés financiers nous poussaient à le faire, les politiques aussi. »
« Et maintenant, le risque c’est le retour à la case départ, et ça c’est très, très dangereux. Je pense que l’idée de tout ce bashing de l’électrique que j’entends récemment, je pense que c’est une manière de refuser le progrès. »
« Est-ce que nous serons à 100% en électrique le 31 décembre 2034 ? Est-ce que nous serons à 70% ? l’électrique sera certainement une partie du progrès, et il n’y a aucune société, aucune industrie, qui a refusé le progrès qui s’en est bien sortie à la fin. »
L’électrique c’est le futur !
Face à la baisse des ventes, certains constructeurs mettent le pied sur le frein concernant les véhicules électriques et basculent sur l’hybride, mais le PDG du groupe Renault pour sa part croit fermement que l’électrique est « le futur » de l’automobile.
« Nous, dès le début nous avons deux pattes dans notre stratégie. D’un côté on a l’un des meilleurs hybride au monde [le moteur E-Tech hybride] qu’on vend très, très bien. Dans les modèles où il y a l’hybride, on fait 60-70% de mix, des Clio, des Captur, etc… »
« Mais on a aussi pensé que l’électrique c’est le futur, surtout dans certains segments où ça a du sens pour le consommateur. »
« Moi je pense beaucoup dans les petites voitures parce qu’on peut mettre des petites batteries, et donc, on peut faire des voitures moins coûteuses par rapport à des voiture à combustion correspondantes, et dans les véhicules utilitaires petits pour les livraisons du dernier kilomètre parce que ça ne fait pas de bruit, pas de fumée dans la ville, etc…c’est très, très pratique. »