Le WWF et l’UFC-Que choisir ont publié un rapport dans lequel les associations alertent sur la « SUV-isation » du parc automobile en France, et appellent les constructeurs français – dont Renault, Dacia ou encore Peugeot – à s’engager à proposer des véhicules plus petits et plus légers.
Dans un rapport intitulé « Baromètre de la progression des SUV en France », les associations pointent directement du doigt Renault, Dacia et Peugeot qui sont en train de suivre la « SUV-isation » du marché en proposant toujours plus de SUV dans leur catalogue.
Plus lourds, plus chers et plus polluants que des modèles plus petits, les SUV ont le vent en poupe ces dernières années, mais il n’est pas trop tard pour que les constructeurs français inversent cette tendance selon Jean Burkard, responsable du plaidoyer à WWF France.
« Les SUV ont en quelque sorte écrasé le marché. » explique Burkard dans les colonnes de Reporterre.net.
« Aujourd’hui, quand vous êtes un consommateur, vous avez le choix entre acheter une petite voiture ou acheter un SUV. On a vraiment une bipolarisation du marché avec une disparition des modèles qui étaient entre les deux. »
Les SUV représentent 56 % des ventes des constructeurs étrangers. Mais seulement 41 % chez les constructeurs français.
« On voit que ces derniers sont en train de suivre la tendance qui est celle de la « SUV-isation ». Mais il est encore temps de changer de stratégie pour eux avant de complètement basculer leur production. »
« On doit inciter Renault, Peugeot ou encore Dacia à stopper l’élan vers la « SUV-isation » et à se positionner sur des voitures plus légères et plus petites, des berlines, des citadines. »
« On rappelle notamment que la Toyota Yaris est produite en France, que Renault va produire sa R5 électrique en France. Ce sont autant d’usines qui peuvent tourner. Les constructeurs auront ainsi un avantage compétitif, notamment face à leurs concurrents américains et allemands. »
« Nous voulons montrer comment la France peut se démarquer et saisir l’abandon des SUV comme une opportunité économique. Ce sera bon pour les entreprises et l’emploi en France. »
Pourquoi cet engouement pour les SUV ?
Avec des ventes multipliées par dix en l’espace de quinze ans, le marché du SUV est passé de 5% en 2008 à 49% en 2024. Mais plus que les consommateurs friands de ce type de véhicules, c’est bien aux constructeurs que la responsabilité incombe selon Jean Burkard.
« Il y a d’abord un engouement chez les constructeurs, lié au fait que c’est beaucoup plus rentable de faire des SUV parce que ils sont vendus plus cher. » explique-t-il.
« On fait donc de meilleures marges en vendant des SUV. Ensuite, le consommateur, lui, est confronté à un matraquage publicitaire assez énorme. » a-t-il ajouté en faisant référence à une précédente étude menée par WWF sur l’obsession de la publicité pour les SUV.
Un malus poids plus sévère…
Pour lutter contre la prolifération des SUV à l’avenir, le WWF milite déjà depuis quelques années pour l’instauration d’un malus poids. Le gouvernement a déjà lancé un malus poids à 1800kg, avant de le passer à 1600kg, mais l’association aimerait le voir descendre à 1300kg.
« Nous, on dit qu’il faut le passer à 1 300 (et 1 500 kg pour les véhicules électriques, en tenant compte de la batterie qui pèse environ 200 kg) et je pense qu’on finira par nous donner raison, mais plus tard. Car aujourd’hui, on voit bien que ce malus n’est pas assez dissuasif puisque les ventes de SUV continuent de progresser. » ajoute Burkard.
Vous pouvez consulter l’intégralité du rapport de 70 pages « Baromètre de la progression des SUV en France » en cliquant sur ce lien directement.